De retour à Tanna, début décembre, j’ai tourné ces images pour témoigner de la situation sur place, quelques 20 mois après le passage du cyclone PAM.
La solidarité doit se mettre en place.
Bientôt plus d’infos.
Béatrice
De retour à Tanna, début décembre, j’ai tourné ces images pour témoigner de la situation sur place, quelques 20 mois après le passage du cyclone PAM.
La solidarité doit se mettre en place.
Bientôt plus d’infos.
Béatrice
Les premières impressions sont géniales. De la végétation et du sable, rien que du sable. Et lorsque la piste débouche sur l’océan, c’est, comment dire, OUAHOUUUUUUUU !
A 80 km/h sur la plage, les sens sont au top, même Maerema et Balthazar trouvent ça incroyable.
Ils adorent courir à côté du véhicule et vérifier la profondeur des passages creusés par l’eau.
A nous quatre, on forme une superbe équipée sauvage ! L’île de sable la plus grande au monde située sur la côte est de l’Australie, est un paradis sauvage.
Ici, les avions se posent sur la plage quand la marée descend. La piste est alors improvisée !
Aucun réseau cellulaire. Seuls des 4×4 embarquent sur le bac qui relie le continent à l’île. Tous sont équipés pour rouler sur le sable et dans les coffres du ravitaillement pour plusieurs jours.
En bord de plage, les immenses rochers sculptés par le vent revêtent des couleurs fabuleuses. Les dunes, immenses, semblent n’attendre que l’empreinte de nos pas.
« Patrice, pince-moi, je rêve ? »
Des Robinson Crusoé, voilà ce que nous sommes ! Heureux comme des papes ! Echoués comme ce bateau rongé petit à petit par le sel. Le Maheno est une étape point de repère de l’île.
Se baigner dans l’eau turquoise et transparente des lacs d’eau douce est une sensation visuelle et corporelle extraordinaire. Le lac MacKenzie est le plus photographié, mais il en est un autre sur l’île, moins populaire mais tout aussi spectaculaire
Tout au nord de l’île, « Champagne Pools », dans notre tête ça pétille comme des bulles de champagne ! L’endroit est dingue. Des piscines naturelles, protégées de l’océan et de ses requins par une barrière naturelle. Des poissons colorés visibles même sans masque et tuba. On est au bout du monde, en Australie !
« Indian Head », c’est la tête de l’indien. Un gros rocher au nord de l’île. Ce jour-là il pleut des cordes mais une éclaircie nous permet d’y grimper. On n’y verra pas les requins mais quelle joie d’y être ! Et cette pluie qui ne nous lâchera pas ou presque de toute la journée, donne un autre charme à cette escapade dans le centre de l’île. On apercevra même, pour notre plus grande joie un wallaby détaler, trop rapide pour être photographié.
Au bout d’une bonne demi-heure de piste, un lac et ses tortues. Un poète trouverait mieux que nous les mots pour décrire la douceur de vivre sous les gouttelettes de pluie.
La tente est le meilleur moyen de goûter à cette liberté incroyable, à cet espace qui semble infini. Maerema et Balthazar ont réussi à se concentrer pour faire un peu d’école. Mais on a vite abandonné. L’école sera buissonnière !
Derrière certaines dunes, le campement est autorisé. A condition de préserver cette nature et, par exemple, creuser un trou pour les eaux sales à plus de 50 mètres de l’eau. Cette liberté a aussi un prix car Fraser Island reste une île australienne avec un danger numéro un : les dingos, des chiens sauvages, qui ont l’air si gentils qu’on en oublierait presque qu’ils sont dangereux.
En 2001, un enfant de 9 ans a été tué par l’un d’eux. Les traces de leurs pattes autour de nos tentes sont chaque matin au réveil comme une piqûre de rappel.
Jamais Maerema et Balthazar n’ont pu jouer seuls sur la plage… On aurait pu choisir de dormir sous tente dans un des campements protégés de l’île.
C’est sans regret que nous avons préféré la vie sauvage, comme de vrais australiens de ce bush bien particulier !
Fraser Island comporte aussi son lot de serpents dangereux. Maerema en a fait l’expérience :
» On l’a vu avec maman alors qu’on était toutes les deux allées aux toilettes improvisées. C’était la nuit. On était quand même loin de notre tente. On lui a mis la lumière dans les yeux et puis on a pas attendu plus longtemps pour déguerpir. Il était noir, fin comme mon auriculaire, et il avait comme un collier jaune. Il mesurait un peu plus que l’avant-bras de papa. 70 centimètres environ. On a ensuite appris que les serpents verts, ça va. Mais que les noirs sont tous dangereux. »
Des serpents, des dingos et probablement des araignées tout aussi dangereuses… un monde animal avec lequel on a vécu. Patrice était venu passer deux jours ici en 2001. Lors de la préparation de notre tour du monde, il a tout organisé pour que nous restions une semaine sur cette île. Dis, Patrice, la prochaine fois, on reste au moins 10 jours ?
L’odeur de soufre est ici plus prégnante. On se bouche le nez et on continue d’avancer ! Ce que voient nos yeux est une explosion de couleurs digne de la palette du plus génial des peintres. Du jaune safran au noir corbeau, du rouge sang au bleu cobalt, des profondeurs de la terre remontent les matières, arsenic, pétrole, souffre… un enchantement !
A 27 km de la ville de Roturoa, sur l’île du nord de la Nouvelle-Zélande, l’activité volcanique est encore plus manifeste qu’ailleurs. Partout de la fumée sort de terre. On réalise alors que ce sol sur lequel nous marchons n’est qu’une écorce sous laquelle bout une énergie incroyable. Car ici, les plaques tectoniques se rencontrent.
Les sources d’eau chaudes sont un business local et il faut également payer pour accéder à Wai-O-Tapu, cet espace naturel inouï. Wai-O-Tapu signifie « source sacrée » pour les Maoris.
L’éruption une fois par jour de Lady Knox est très attendue…..un animateur verse une poudre blanche dans ce petit cratère, et le geyser explose devant nos yeux étonnés ! Il parlait trop vite pour nous, on n’a pas su quel est ce petit miracle chimique. Mais le résultat est surprenant et dure suffisamment longtemps pour que tout le monde puisse photographier cette lady bouillonnante !
Cette journée nous a marqués, Balthazar et Maerema en ont encore le nez tout retroussé. « Maman, Wai-O-Tapu, ça pue ! » Mais quel émerveillement !
Deux heures après avoir déclenché la balise satellite d’urgence, l’hélicoptère arrive. On n’en mène pas large. On a eu le temps de lire le contrat de location du 4×4. Cette route stupéfiante, au coeur du bush australien, on n’avait pas le droit de la prendre. Il peut nous en coûter pour un remorquage jusqu’à 7500 dollars !
Aux commandes du petit appareil, un pilote incroyable doublé d’un homme sympathique au possible. En deux minutes il jauge la situation. Pas de blessé. Les enfants vont bien. Le véhicule est seulement ensablé. On lui explique que c’est la quatrième fois en 24 heures. Qu’on est à bout de forces. Que la bonbonne de gaz ne fonctionne plus et qu’on ne peut plus faire cuire quoi que ce soit. Et qu’on ne sait pas ce qui nous reste exactement comme quantité d’eau potable. Warwick nous propose deux solutions. Soit il nous ramène en hélicoptère jusqu’à la ville d’Alice Springs. Soit il essaie de nous prêter main forte pour qu’on puisse continuer notre route. Je lui demande « What’s the best ? ». Quelle est la meilleure ? « The second one », la deuxième, me répond-t-il.
La veille, tout avait pourtant bien commencé. La piste rouge ressemblait à nos rêves australiens les plus fous. Avant de s’engager sur la route exclusivement réservée aux 4×4, petite pause déjeuner au milieu de nulle part.
Dans le bush, on traverse d’immenses étendues, souvent entrecoupées de portes d’entrée et sortie. Les fermes font des milliers d’hectares où paissent des bêtes rarement visibles depuis la route.
Et nous voilà sur la fameuse route, celle qui fait de nous aujourd’hui de vrais Australiens du bush ! Elle traverse le lit de la rivière Finke, dans la réserve nationale du même nom. Nous sommes au centre de l’Australie.
Tout va bien. Les paysages sont sublimes. La conduite est technique mais Patrice s’en sort bien. Jusqu’au premier ensablement… ll va nous falloir deux heures pour arriver à dégager le véhicule.
Et une fois sortis de là, quelques kilomètres plus loin, de nouveau le 4×4 s’enfonce. La nuit est là. Aucune photo de notre tente plantée à la hâte. On est pressés de se mettre à l’abri. L’Australie est le pays des dix serpents les plus dangereux au monde… Le lendemain matin, à l’heure où les enfants dorment encore, on a désensablé deux heures durant. Nos cris de joie ont été de courte durée lorsque peu de temps après, c’est un pneu qu’il a fallu changer avant de s’ensabler de nouveau…
Le coin porte bien son nom « Boggy Hole », dans le lit de la rivière Finke. « Boggy Hole », ça veut dire trou ensablé ! Et rares sont ceux qui s’y aventurent. Nous sommes à la moitié du chemin. Repartir en arrière n’a aucun sens. Patrice retrouve du courage mais s’ensable et enrage pour la quatrième fois. C’est là où l’on a décidé de faire profil bas et d’enclencher la balise d’urgence. Warwick, le pilote de l’hélicoptère venu nous secourir, va faire ce que nous aurions dû faire avant de prendre cette route réputée pour son sable très mou : dégonfler les pneus. Mais nous venions de passer une semaine sur Fraser Island, l’île de sable la plus grande au monde, où le sable est dur et où il nous avait été recommandé de ne pas dégonfler les pneus. Bref, tout s’explique. Maintenant il faut sortir de là.
Une fois les pneus sous-gonflés et quelques pelletées de sable pour les dégager (si on avait su ! nous qui avions entièrement dégagé trois fois de suite tout le véhicule!), Warwick prend le volant et nous demande de l’aider en poussant sans jamais nous arrêter…. YEAHHHHH ! Le véhicule est dégagé !
« How much do we have to pay ? », « Combien doit-on payer ? ». « Nothing », « rien » me répond notre sauveur. « C’est du secours, c’est le gouvernement qui paie. » Et Warwick ajoute qu’il va même nous suivre depuis le ciel jusqu’à ce que nous quittions en toute sécurité le Finke National Park. Il prévient la police de ses intentions.
Le ciel est bleu. Il vole à nos côtés. Parfois devant. Le plus souvent sur le côté. Les enfants adorent et nous aussi. Patrice sent bien que le 4×4 se joue désormais du sable.
Mais à un moment donné, impossible de savoir quelle route prendre. Depuis son hélico, notre pilote montre la voie. Patrice lui fait signe que ça lui semble infaisable. Alors, comme si de rien n’était, l’hélico se pose dans un mouchoir de poche, Warwick en descend, il prend pour la deuxième fois le volant de notre 4×4, et en avant !
Je lui demande s’il y a quelque chose qu’il ne sait pas faire dans la vie ? Cuisiner, peut-être ? Il éclate de rire, et me dit qu’il est un excellent cuisinier ! Il descend du 4×4 et reprend les commandes de son hélicoptère.
Une semaine après, on a retrouvé notre sauveur autour d’un café. Grâce à lui, on a évité un remorquage du véhicule qui nous aurait coûté la fin de notre tour du monde.
Balthazar lui a offert un beau dessin souvenir. Et nous, on lui a promis de lui envoyer un cadeau façon « beapatmabalt » !
Thank you so much Warwick !
L’agence de location du véhicule a été beaucoup moins agréable. Car on aurait dû rendre le véhicule un samedi mais nous sommes revenus trop tard, l’agence était fermée. Dimanche, l’agence n’ouvrait pas. Nous avons donc dû rendre le 4×4 le lundi matin. Deux journées de location en plus facturées au tarif le plus élevé. Et le dessous du véhicule a été examiné. Un côté légèrement tordu nous a coûté 500 dollars. Et le pneu à réparer 300 dollars de plus. Coût total de notre virée : 1000 dollars. C’est très cher mais ça aurait pu être pire ! Et autant voir le côté positif, le vrai bush australien c’est une aventure inoubliable !
Renato a un physique de joueur de rugby. Il n’a pas mis les pieds dans la pampa depuis cinq ans. Car lui, ce qu’il aime, c’est la « selva », la jungle. Il y part plusieurs semaines d’affilée avec des touristes qui se sont refilés son contact. Comme il l’explique les yeux brillants, dans la jungle, on apprend à survivre. Et ceux qui l’accompagnent connaissent les règles. Rien à voir avec le touriste de base qui débarque dans la petite bourgade de Rurrenabaque, porte d’entrée bolivienne vers l’Amazonie, et veut voir un maximum d’animaux en trois jours et deux nuits.
Le contact passe bien avec Renato et on sent qu’il en est soulagé. Il nous dira plus tard que ce n’est pas de gaieté de cœur qu’il a accepté d’être notre guide. Il a une véritable aversion pour cette pampa dénaturalisée par des hordes de touristes peu respecteux de la nature. Mais nous sommes en saison touristique basse, et Renato a besoin d’argent.
Avec nous, il va vite retrouver le sourire. Pour accéder au fleuve, il faut prendre une piste de terre pendant plus de trois heures.
Renato est à côté du conducteur, l’oeil aux aguets. Un nandou, animal rare dans cette contrée, ne va ainsi pas lui échapper.
Après la piste, l’eau. La pirogue est aménagée. C’est sommaire et ça nous enchante !
Et l’on va mettre beaucoup plus d’heures que d’autres à arriver à notre campement. Plus de trois heures sur l’eau ! Car Renato ne compte rien. Et surtout pas son plaisir à nous faire découvrir une faune incroyable !
Maerema et Balthazar font l’inventaire à la Prévert de ce qui les a émerveillés : « On a vu des alligators, des caimans, des aras bleus, des oiseaux du paradis, des petits singes jaunes, de gros singes hurleurs, des hérons, des grues, des jabirus, des cigognes, des nandous, des capibaras, des aigles pêcheurs, des canards, des vautours, des raies léopard dangereuses et des dauphins roses, des petits oiseaux jaunes et leurs nids longs comme en Afrique, des gros poissons et des poissons avec des triples moustaches, des oiseaux rouges aux cris incroyables, des tortues ! »
Imaginez nos exclamations lorsque nous avons vu et entendu des petits singes ! Ils sont jaunes et d’autant plus curieux qu’ils ont souvent reçu de la nourriture pour être mieux vus… Renato nous en montrera d’autres beaucoup plus craintifs… L’instant est absolument merveilleux…
Les enfants n’en reviennent pas. Balthazar répète qu’on a beaucoup de chance : « Pour notre premier jour, on a même vu un alligator ! » dit-il, le sourire jusqu’aux oreilles.
Les oiseaux du paradis pullulent ici. Leurs couleurs, leurs coiffures ébouriffées, leurs envols, impossible de s’en lasser.
Les baraques en bois du campement sont notre lieu de repli.
Le premier soir la tradition est de retrouver d’autres touristes pour le coucher du soleil.
Nous sourions à la vie. En pleine saison des pluies pas une seule goutte ne va perturber ces trois jours inoubliables. La recherche d’anacondas, à pied dans la pampa, va se solder comme prévu par un échec. Car ce n’est pas la saison pour les voir. On aura tenté. Sans regret. La nature a ses lois.
Par contre, nous allons pouvoir nager près des dauphins roses. Renato nous assure que les caimans ne s’approchent pas quand il y a des dauphins. Il plonge et ressort avec un poisson entre les dents ! Cet homme est stupéfiant. Il me donne confiance. Balthazar saute dans ses bras.
Je le suis avec une petite appréhension. L’eau est marron. Patrice et Maerema restent à bord. Je vais m’approcher au plus près de ces dauphins étonnants. Une autre touriste sera aussi téméraire que moi. Et c’est incroyable ! Là, un dauphin, près de nous !
Mais le courant fort et la peur de ce qui peut me toucher sous l’eau me font finalement remonter sur notre embarcation. L’expérience va longtemps rester gravée dans ma mémoire !
Renato montre aux enfants la sève d’une plante avec laquelle il dessine sur le bras de Balthazar un tatouage qui tiendra plusieurs jours.
Balthazar va de son côté se faire attaquer par une colonie de fourmis rouges. Il en garde un souvenir cuisant.
Tard dans la nuit, Renato nous emmène voir les yeux brillants des sauriens.
Patient, prévenant, Renato va également, à plusieurs reprises, nous faire découvrir la pêche au piranha. Mais là-aussi, ce n’est pas la saison, il y a trop d’eau, les poissons ne mordent pas à l’hameçon. Qu’importe, le calme de l’eau, les cris des oiseaux, tout cela valait bien que l’on s’arrête, bercés dans cette barque, quelque part sur un bras du fleuve Béni.
De retour de notre périple de trois jours, sur la piste, un caiman mort. L’occasion de découvrir sa gueule petite mais puissante. Encore aujourd’hui, Balthazar se rappelle qu’on n’est pas arrivés à la lui ouvrir !
Dans la paisible bourgade de Rurrenabaque, après ces trois jours hors du commun, Renato nous dit qu’il aimerait nous faire partager un jour son plaisir de la jungle. 15 jours minimum pour apprendre à vivre dans ce milieu a priori hostile. Moi, je suis partante ! Août est la meilleure saison pour pénétrer la jungle et éviter les moustiques. En 2016 ou 2017, qui parmi vous aimerait me suivre ?
Dans moins d’une heure, adieu doudounes et autres écharpes ! L’avion décolle de la Paz, à 4000 mètres, et survole très vite des sommets à plus de 5000 voire 6000 mètres !
En seulement 25 minutes de vol, on passe ainsi de la neige à la végétation tropicale. Car derrière les hautes montagnes, la Bolivie plonge dans l’Amazonie. Un contraste de climats stupéfiant.
La piste de la petite ville de Rurrenabaque est en dur, mais c’est une route passablement humide qu’il faut emprunter pour quitter cet aéroport aux allures d’aérodrome de campagne.
Et « Rurre », comme disent les locaux, apparaît au bout de quelques minutes. La bourgade longe le fleuve Béni. Et nous on est heureux d’avoir fait le choix de passer quelques jours en Amazonie. Ici, les agences de voyage pullulent. Pas simple de faire son choix. Celle avec laquelle Marion et David sont partis avec leurs deux enfants est fermée, le téléphone sonne dans le vide (Marion et David ont voyagé avec leurs deux enfants pendant trois mois en Amérique du Sud). Un français habitué des séjours dans la jungle nous emmène chez Donato. Bien lui en a pris, merci à lui !
Donato a créé son agence en 2000. Après avoir été renvoyé de chez son ancien patron. Donato refusait notamment d’attraper et de planquer des animaux pour que les touristes soient satisfaits. Et ce n’est pas lui qui nous l’a raconté… cette pratique honteuse serait une des causes du nombre moindre d’anacondas dans la pampa : enfermés dans des sacs, les serpents étouffent avant même d’être relâchés pour faire le bonheur des touristes crédules.
Mais revenons à notre rencontre avec cette agence. Le contact avec Donato est excellent. Mais il ne peut nous accompagner sur ces trois jours dans la pampa. Il en est tout contrit. Il a compris que nous voulons un guide respectueux et amoureux de la nature. Il promet de nous trouver quelqu’un de vraiment bien. Promesse tenue ! Nous allons passer des moments formidables avec Renato !
Lisez l’article suivant : En Amazonie, avec Renato
Trois mois que nous sommes partis et le voyage prend une autre tournure. Le temps, une autre saveur. Car du temps nous en avons suffisamment pour décider de prolonger des rencontres. Ainsi, dans la vallée du canyon de Colca, à deux heures et demie d’Arequipa au Pérou, après une journée difficile où rien ne semble aller dans le bon sens, où la pluie nous frigorifie, où la source d’eau chaude dans laquelle nous espérons nous baigner n’est en fait qu’un cloaque, nous arrivons sur la place d’un petit village : Coporaque.
Il fait gris et froid. L’humeur n’est pas au beau fixe. Un taxi mini-van est presque rempli et nous hésitons. Il faut faire vite, le véhicule va partir vers la bourgade la plus proche, Chivay. C’est celle d’où l’on est partis le matin même. La décision est prise, on retourne à Chivay. Dans le véhicule la discussion s’engage avec une femme très avenante. Elle nous parle de sa maison. De l’association rurale qui regroupe cinq familles, dont la sienne, prêtes à partager leurs toits et leur culture. Et en arrivant à Chivay, et bien, le temps de manger chacun une truite, on repart avec elle !
Amanda est effectivement adorable. Dès nos petites emplettes à l’épicerie du village l’atmosphère est là : unique !
Chez Amanda, tout est joli. Ses petites chambres sont charmantes. Ses deux filles vont jouer avec Balthazar et Maerema. On va vraiment avoir l’impression de vivre chez des amis pendant trois jours.
Elle va nous conseiller une chouette randonnée. Plus de trois heures de marche qui valent vraiment la peine.
Franchement, être chez l’habitant c’est un partage inespéré ! Merci Amanda !
Patrice, Balthazar, Maerema sont fous de joie ! Nous espérions tellement ce spectacle de la nature ! En voyant cet oiseau immense se poser à quelques mètres de nous, j’ai les larmes aux yeux.
Ces rapaces de plus de 3 mètres d’envergure battent rarement des ailes et leur glissade émerveille ! Ils nichent dans le canyon de Colca, au Pérou. Et c’est une étape incontournable, inoubliable.
Il faut se lever tôt pour ne pas rater leur envol. Nous étions au mirador de los condores à 8 heures du matin après un trajet en bus lui aussi inoubliable. Partis à 7h00, il nous a fallu presque une heure pour parcourir les 12 km de route qui séparent le village de Cabanaconde de ce fameux point de vue sous lequel nichent les condors. Pourquoi tant de temps ? Parce que le bus s’arrête très souvent pour faire descendre et monter des passagers.
Nombreux sont les paysans qui l’empruntent pour se rendre dans leurs champs. Tout comme les vendeuses d’objets et d’artisanat touristiques qui se rendent elles-aussi au mirador pour espérer tout vendre aux touristes.
Dans ce bus, serrés comme des sardines, l’occasion se prête à un bavardage ininterrompu. Les Péruviens sont curieux.
Un agriculteur nous demande si en France nous avons nous aussi des vaches. Et si nous mangeons des patates. Si la vie est vraiment différente de celle d’ici… un an de voyage, cet agriculteur n’en revient pas, nous dit que nous devons être riches, puis admire notre ténacité pour avoir économisé pendant plus de dix ans pour nous offrir ce luxe incroyable, une année sans travailler, une année faite pour découvrir le monde et ses peuples.
Mais revenons à nos condors. Maerema les a mitraillés. Ces photos sont les siennes. Elle tient à les partager sur ce blog. Merci à elle !
Elle était géographe, physicienne, géologue, mathématicienne et pendant plus de 40 ans, elle a dédié sa vie aux lignes de Nazca au Pérou. Elle, c’est Maria Reiche. Et il serait bien injuste de parler de ces lignes sans les associer à cette femme incroyable.
La veille de prendre un petit avion de tourisme pour découvrir d’en haut ces dessins de plusieurs kilomètres carrés, bien nous a pris de passer par le planétarium Maria Reiche.
Ainsi commence le voyage dans ce qui reste encore une énigme. Qui a patiemment déplacé et retourné les pierres noires de ce désert pour créer ces lignes blanches ? Pourquoi ?
Sans Maria Reiche elles auraient été détruites depuis longtemps. La célèbre route Panaméricaine en coupe certaines. Cette grande dame les a mesurées, elle a étudié notamment leur alignement par rapport au soleil, elle a cherché à comprendre leur orientation, leur taille gigantesque (l’ensemble forme des centaines de kilomètres carrés).
Mesures scientifiques et déductions lui ont permis de penser que des hommes, des Incas ?, venaient ici accomplir des cérémonies à certains moments de l’année.
Elle s’est également demandé s’il n’y aurait pas un lien avec des sources d’eau en profondeur.
Cette grande dame du désert a terminé sa vie dans cet hôtel de Nazca. Elle y donnait des conférences sur ce mystère. Sa chambre est aujourd’hui intacte. Il y flotte comme une reconnaissance des Périviens envers celle qui a tout donné pour mettre en valeur ce patrimoine unique au monde. Maria Reiche a reçu de son vivant la nationalité péruvienne.
Le survol des lignes de Nazca devient alors presque anecdotique, tant on a le sentiment d’avoir, non pas survolé, mais compris en profondeur l’importance de ces lignes. Mais une fois en l’air, la magie opère.
Nazca, c’est un enchevêtrement de lignes entre lesquelles se détachent ces animaux. Et la question reste en suspens : mais comment ces hommes ont-ils pu réaliser de telles œuvres parfaites, eux qui ne pouvaient pas les voir d’en haut. Et pour qui les ont-ils faites ?
On comprend alors un peu mieux pourquoi le gouvernement péruvien demande aujourd’hui réparation à Greenpeace. En décembre 2014, des militants de l’organisation non gouvernementale ont piétiné un site exceptionnel pour défendre leur cause. Leurs traces de pas sont désormais inscrites à jamais. Maria Reiche doit se retourner dans sa tombe. La dame du désert utilisait des chaussures spéciales pour se déplacer près des lignes et n’avoir jamais à se reprocher d’avoir détruit ce qu’elle cherchait tant à comprendre.
Le cyclone PAM, phénomène météo inégalé, a ravagé l’archipel du Vanuatu. Vous avez tous eu peur pour nous. Et nous, on ne pouvait pas vous rassurer. Routes coupées, réseau téléphonique hors d’usage. Les vents de plus de 300 km/h n’ont heureusement blessé, ni tué personne dans le village reculé où nous étions. Mais ce n’est pas le cas dans d’autres communautés. Nous avons eu de la chance. Merci à Martha et aux autres habitants du village d’Isaka. Notre départ en avion militaire n’a fait que renforcer l’impression d’avoir vécu un moment hors du commun.
Avec un billet d’avion « Tour du Monde », on aurait pu passer par la Polynésie après être allés sur l’île de Pâques. Mais les lagons paradisiaques des Tuamotus ou des îles sous le Vent, nous les connaissions déjà. C’est autre chose que nous voulions. Le Vanuatu. Destination inconnue pour la plupart des européens. Cet archipel de quelque 80 îles on en rêvait depuis que notre ami Fabrice en était revenu enchanté. Il avait tourné là-bas un documentaire pour France 5. Il parlait d’un peuple authentique. De gens incroyables. On confirme. Le cyclone PAM nous a bloqués 5 jours sur l’île de Tanna. Coupés du monde. Et si proches des Ni-Vanuatus.
En arrivant en Nouvelle-Zélande, Maureen et Jonas de l’agence Air Vanuatu d’Auckland nous ont déjà donné un avant-goût de la gentillesse des gens du Vanuatu. Nous tombons d’accord sur les vols : trois îles, Tanna, Epi et Espiritu Santo.
Nous n’en ferons finalement qu’une : Tanna. Un village : Isaka. Loin, très loin, de l’aéroport. Derrière le volcan Yasur, trois nuits dans la cabane la plus haute perchée de l’île. A l’arrivée, Maerema et Balthazar n’en croient pas leurs yeux. Et nous non plus !
A plus de quinze mètres de hauteur, la vue est à couper le souffle. Au loin, le volcan Yasur fume. Explose aussi, régulièrement. C’est lui, la principale attraction touristique de cette île. L’un des rares volcans au monde que l’on puisse approcher autant. Voir la lave en éruption au bord du cratère est une expérience exceptionnelle.
Nous aussi, comme tous les habitants, on va s’habituer aux coups de gueule réguliers du volcan. Ils rythment la vie sur Tanna. Comme un cœur qui bat. Comme une nature qui rappelle aux hommes leur fragilité.
Aujourd’hui, il ne reste rien ou presque de notre cabane dans le banian.
Et la végétation luxuriante que nous avions connue est passée du vert éclatant au marron sec. PAM est passé sur tout l’archipel du Vanuatu. Tanna est l’une des îles les plus ravagées. C’est émouvant de vous faire partager nos photos. Car en Europe, les médias ont principalement montré les ravages du cyclone. A nous donc de vous ouvrir les yeux sur ce pays magnifique et ses habitants, si chaleureux.
Martha est notre plus belle rencontre. Sans elle, notre séjour aurait tourné au cauchemar. Avec elle, nous avons découvert un mode de vie simple. Chaque jour, chaque habitant va dans son potager chercher de quoi manger. Taro, manioc, patate douce, banane sont la base de leur alimentation.
Le taro que nous avons planté a résisté au cyclone. Martha en est heureuse. Elle veut voir pousser notre amitié. Et nous aussi.
Protégés de la pluie par une feuille de bananier, Les enfants ont aussi découvert la canne à sucre. « C’est ça ?! » dit Balthazar.
Drôle de sensation gustative. Quand les villageois passent la journée à cultiver, ils se donnent ainsi des forces. C’est le seul apport véritablement sucré de leur alimentation.
La vie va s’écouler tranquillement pendant nos deux premiers jours sur Tanna. A la veille de notre troisième et dernière nuit dans le banian nous savions déjà que nous ne pourrions pas repartir de l’île. Que tous les vols avaient été annulés. Les avions d’Air Vanuatu déplacés sur Nouméa en Nouvelle-Calédonie pour être protégés.
Cette dernière nuit dans le banian est étrange. Le vent souffle déjà fort. Pour la première fois, je perçois que nous sommes dans un arbre. La petite cabane bouge. J’entends le bruissement des feuilles. Je ne suis pas tranquille. Maerema et Balthazar dorment paisiblement. On ne sait pas ce qui nous attend. Voyager loin, dans des terres reculées, c’est prendre des risques. Cette nuit-là, je commence à mesurer ce que cela signifie.
Le jour se lève. Au petit déjeuner, Martha nous demande de faire nos valises. Fébrilement, je vais remplir nos sacs à dos. Je me sens véritablement inquiète. Dans la cabane, le vent est vraiment fort. J’ai hâte de redescendre. Les enfants sont déçus. Ils ne saisissent pas l’urgence.
Au village, chacun se presse pour tenter de renforcer le toit de sa maison. Feuilles de palmier et troncs de bambou sont les seuls matériaux locaux.
Comme dans la plupart des villages, l’école est l’une des rares structures en dur. C’est ici que nous allons établir nos quartiers. Le toit en tôle est renforcé avec des sacs de sable.
Dans l’annuaire téléphonique du Vanuatu, on trouve les recommandations en cas de cyclone.
Tanna est très vite passée en alerte rouge. L’information arrive par SMS. Est indiquée également la position du cyclone. Avant que le téléphone ne coupe, nous étions vendredi soir en H9.
L’ambiance était étrange dans les trois petites pièces qui nous servaient de refuge.
A 5 heures du matin, j’ai eu l’impression que le vent tournoyait autour de notre pauvre abri. Qu’il cherchait à s’engouffrer. Comme un être nuisible.
Deux toits de l’école se sont arrachés. Mais le nôtre a résisté. Samedi en milieu de journée la force du vent semble se calmer. Pas de blessés mais les dégats sont considérables. Cette petite fille découvre sa classe.
Nous sommes bloqués sur Tanna. Et là commence un autre voyage. Il faut tous ensemble laver le linge humide qui a pris une odeur de moisi. Car l’après cyclone c’est aussi ça. Retrouver de la bonne humeur avec une bonne odeur ! Martha me dira « je suis très contente que tu apprennes aussi ça ! »
Martha va aussi nous apprendre à confectionner des paniers. Maerema va jouer du cor devant des enfants ébahis.
Je n’ai pas de photo de Patrice qui aide les hommes du village. Pas de photo non plus lorsqu’il partage avec eux la boisson locale faite à base de racine de Kava (interdite aux femmes). Mais la photo qui suit illustre à elle seule les liens qu’il a pu tisser de son côté.
Nous sommes restés bloqués 5 nuits dans le village de Martha. Mais il était temps que nous partions car nous étions quatre bouches de plus à nourrir.Trois jours après le cyclone, il n’y avait plus rien à manger. Les noix de coco nous désaltéraient. Les comprimés que nous avions pour rendre potable l’eau de la rivière nous ont bien servis. Mais cela ne pouvait pas durer. Une fois les routes dégagées nous avons pu partir et rejoindre l’aéroport. Deux heures et demie de route dans un paysage de désolation.
A l’heure où j’écris, soit 15 jours après le passage de PAM, les communications n’ont pas encore été rétablies sur Tanna. Et l’aide humanitaire, désorganisée, n’est pas arrivée dans tous les villages.
Martha rêve, elle, de partir travailler quelques mois en Nouvelle-Zélande. Ramasser des fruits pour récolter de l’argent. Pour offrir des études à ses enfants et se payer une maison en dur capable de résister aux cyclones. Son rêve est devenu le nôtre.
Merci à Charlie Réné, journaliste aux Nouvelles Calédoniennes pour la photo au pied du Casa de l’armée française. Merci à Denis, pilote du Casa, pour son aide précieuse. Merci encore une fois à Martha et à tout le village d’Isaka.